Un aller pour la terre
L’amour en zone rurale c’est exactement comme partout ailleurs : ce n’est pas simple.
«J’avais pensé plus d’une fois à ce moment, en me demandant si il arriverait. Et là, nous y étions. On baladait notre insouciance, au milieu d’une belle après midi, quelque part aux bucoliques abords de la ferme, en se tenant par la taille et par la conversation, quand soudain, en contrebas d’un chemin où chantaient des oiseaux, une prairie nous invite. Poliment, nous prenons place entre herbe et soleil et dégainons les bouquins. Mais la lecture tourne court, concurrencée par une autre activité champêtre, extra agricole, bien connue des couples qui ont la campagne pour eux. Pour eux, ou presque. Parce que les chiens ne ratent jamais une balade et qu’ils nous ont suivis. Ils déboulent du sous bois en hyper ventilation, les cœurs battants de gratitude, les langues pendantes de joie et les queues comme des essuie-glaces enragés. Bien incapables de comprendre la gêne occasionnée avec leur esprit de chien, ils interprètent nos injonctions à déguerpir comme de nouvelles marques d’affection et ramènent avec beaucoup trop de zèle les bâtons que j’envoie pour faire diversion. Leur attachement finit par avoir raison du nôtre, d’autant que nous sommes gagnés par la peur que notre animalité du moment ne leur inspire quelques autre preuve d’amitié déplacée. Tout ça pour dire que l’amour en zone rurale c’est exactement comme partout ailleurs en un peu différent : ce n’est pas simple.»